Interview site facebook de “livresque du noir”


— Curriculum vitae ? Vous cherchez un nouveau métier ?
(Rires de Christian Blanchard).
Oh que non ! Celui d’auteur me convient tout à fait. Si on regarde la définition de « curriculum vitae » dans un dictionnaire on peut lire : « c’est un document détaillant le parcours et autres compétences acquises d'un individu. » C’est en partie l’idée du livre. Évidemment le fond, c’est autre chose. N’oublions pas que c’est un roman noir.
Quand j’ai commencé à travailler sur cette histoire, j’avais comme idée de titre : « Circonstances atténuantes ». Le livre est un combiné des deux.
Le lecteur va suivre le parcours d’un accusé, de son enfance traumatisé à sa vie de père aimant. Il va découvrir comment, mais surtout pourquoi, cet homme intelligent va gravir peu à peu les marches de la violence, de la délinquance à la folie.
Il tente tout au long de l’histoire de démontrer que tout ce qu’il a fait n’est pas vraiment de sa faute. Il veut qu’on lui reconnaisse des circonstances atténuantes. Aux lecteurs de faire leur propre opinion.
J’espère qu’ils seront partagés et qu’ils pourront, d’un côté, s’identifier à cet homme, le comprendre, voire l’excuser et, d’un autre côté, trouver intolérable et odieux ce qu’il a fait, voire le haïr. J’aimerais bien susciter chez chacun de nous la bivalence qui sommeille au plus profond de notre âme.
Dès le prologue on pressent la sentence, mais quand elle sera enfin prononcée à la page 353, il restera encore une quinzaine de pages que le lecteur suivra en direct. Il m’a paru évident que cette histoire ne pouvait pas finir par le verdict d’un jury populaire. C’est plus subtil que ça. En tout cas, j’ai tout fait pour.

— En quatrième de couverture, votre éditeur a indiqué que « l’auteur s’est appuyé sur de nombreux souvenirs personnels ».
Il a aussi écrit « et de faits réels ». Heureusement que je n’ai pas vécu tout ça sinon je ne serais probablement pas là pour le raconter. Par contre, j’ai voulu que mes propres souvenirs associés à mes interprétations de faits réels donnent une impression de réalité.
Bien que ce soit un roman, je souhaite que le lecteur s’approprie cette histoire comme un récit de vie.

— Outre l’histoire, j’ai été séduit par l’écriture et la construction mêlant le présent – le tribunal – et la vie de l’accusé en flash-back.
Je vois à quoi vous faites allusion. Le texte est écrit à la première personne. Les séquences au tribunal sont écrites au présent. Le lecteur va vivre en flash-back la vie passée du personnage à travers son point de vue. Ce sera lors des scènes en direct au tribunal qu’on abordera des arguments contradictoires. Le point de vue des parties civiles en quelque sorte.
Il y a aussi un élément de construction que j’ai voulu et particulièrement soigné : on ne connaîtra jamais le nom de l’accusé. On n’aura aussi aucun descriptif sur son physique. La seule chose qu’on sait de lui, c’est qu’il est de sexe masculin. Chacun le verra comme il le ressentira ou le souhaitera. Une forme de participation personnelle du lecteur à mon histoire. Une chose est certaine : il n’y aura pas deux lectures identiques. Et en tant qu’auteur, je vous garantis qu’intellectuellement, c’est assez jouissif… C’est mon côté pervers…


© 2011-2017, Christian BLANCHARD